La route numéro 20 est celle qui
relie les deux plus grandes villes de la belle province : Montréal
et Québec. Trois heures assez monotones attendent l'automobiliste
qui s'y aventure ; assez monotones surtout depuis le mois de
mai 1995, funeste pour tous les amateurs de Hockey au Québec.
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| Le Colisée de Québec | Le 26 avril 1995, les Canadiens de Montréal prennent (pour
la dernière fois) << la 20 >> afin de se rendre
au Colisée de Québec .Ils luttent pour une place en
play-offs en affrontant les Nordiques de Québec, équipe
en tête de la conférence est lors d'une saison
écourtée pour cause de lock out. Les 15 399 spectateurs
du Colisée et les partisans venus de Montréal ne le
savent pas encore mais ils assistent à la dernière
joute de l'histoire entre les deux équipes. Comme s'il
fallait enterrer la hache de guerre, les deux équipes se
quittent sur un match nul (1-1) austère qui n'a été
significatif en rien des parties disputées pendant 16 ans.
Les fleursdélysées (surnom donné aux Nordiques)
seront quelques semaines plus tard ensevelis sous une avalanche
de dollars et ce avec l'aide de Marcel AUBUT (propriétaire
de l'équipe) et de Gary BETTMAN (commissionner de la
ligue). Plus préoccupés pour l'un à rentabiliser
son investissement et l'autre fermement décidé
à faire concurrence aux autres ligues professionnelles américaine
(NBA,NFL,MLB) en implantant le hockey aux états unis, et
cette fois ci au Colorado.
Cette stratégie purement marketing a mis fin a un affrontement
fratricide entre les deux villes de la province francophone du Canada.
D'un côté, Québec l'indépendantiste
(qui prône la séparation de la province du canada)
et de l'autre, Montréal ville fédéraliste
qui s'associe à l' l'appartenance à
la feuille d'érable. Cette dernière, dominante
économiquement est de plus perçu par les habitants
de Québec comme arrogante et non attachée à
la langue française. Ces deux villes se sont donc livrées
dans le cadre sportif à une véritable guerre qui a
par moment dépassé le cadre du sport pour déborder
sur le champs politique. Le Hockey a ainsi permis de cristallier
des tensions qui déchiraient la province dans les années
80 (Loi sur la francophonie, référendum sur l'indépendance
ou la population était très partagée). Se rajoute
une bataille commerciale entre les deux brasseries de bière
les plus importantes du Québec qui soutiennent l'une
Montréal (Molson) et l'autre Québec (O'Keefe).
Vous mélangez tout cela dans des grosses patinoires qui ressemblent
à des cocottes minutes, vous y rajoutez quelques hockeyeurs
sur la glace et vous obtenez un cocktail explosif !
L'histoire de passion amoureuse entre les Nordiques et les
Canadiens s'est échelonné de 1979 à 1995.
Ancienne équipe de la défunte Ligue mondiale de Hockey,
les Nordiques de Québec intègrent la NHL au début
de la saison 1979-1980 en compagnie des Jets de Winnipeg (maintenant
Coyotes de Phnix), des Whalers de Hartford (Carolina hurricanes)
et des Oilers d'Edmonton.
A ce moment précis, nous venons juste de sortir d'une
période de grande dynastie des Canadiens vainqueurs six fois
de la coupe dans les années 70 (1971-1973-1976-1977-1978-1979).
Cette équipe géniale qui compte dans ses rangs des
joueurs comme Guy Lafleur, Larry Robinson et qui est entraîné
par Scotty Bowman tue toute concurrence et vient de battre les Rangers
en finale 4-1. Le 13 octobre 1979, le grand canadien de Montréal
et ses fantômes (une légende à Montréal
veut que les anciennes stars de l'équipe hantent toujours
les vestiaires et donnent l'inspiration) accueille au forum
les petits bizuts. Le Canadien s'impose 3-1 dans un match très
serré.
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| Peter Stastny, l’idole des partisans de québec | Néanmoins on prend conscience que les glorieux
ne possèdent plus le monopole du Hockey sur les Québécois.
Ceux ci peuvent maintenant choisir et se lient avec les Nordiques
qui comprennent vite des joueurs talentueux ( Dale Hunter, Réal
<< buddy >> Cloutier , Michel Goulet, Daniel Bouchard)
et surtout les frères Statsny arrivé en provenance
de l'Est au pris d'un scénario digne d'un
grand film d'espionnage (et notamment quelques poursuites avec
des agents du KGB !). Malgré des résultats moyens
que ce soit pour les Canadiens ou les Nordiques, les fans s'arrachent
les billets, on se réunit en famille notamment le 31 décembre
pour la rencontre annuelle. Théâtre de nombreux conflits
(pas toujours réglés d'ailleurs), la confrontation
commence à devenir un rituel social pour la belle province.
On est Nordique ou Canadien, un peu comme les supporters de football
en Angleterre sont pour City ou United.
L'élément fondateur de l'engouement aura
lieu lors des séries 1982. La première confrontation
Nordiques-Canadiens au premier tour ira jusqu'au cinquième
match décisif (à l'époque le premier tour
des play-offs se joue au meilleur des cinq matches). Les Nordiques
gagnent par un but de Dale Hunter en prolongation ce qui provoque
un choc immense dans la tête du partisan des Canadiens. C'est
la fin de l'impérialisme de la sainte flanelle (nom
donné au maillot du Canadien par les supporters) sur la belle
province.
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